Dom Garcie de Navarre Le texte de la Scène 4 Acte 2 de la pièce de Molière : Dom Garcie de Navarre, ou le Prince jaloux
J'attendrai qu'elle ait fait. Près de souffrir sa vue, D'un trouble tout nouveau je me sens l'âme émue; Et la crainte, mêlée à mon ressentiment, Jette par tout mon corps un soudain tremblement. Prince, prends garde au moins qu'un aveugle caprice Ne te conduise ici dans quelque précipice, Et que de ton esprit les désordres puissants Ne donnent un peu trop au rapport de tes sens: Consulte ta raison, prends sa clarté pour guide; Vois si de tes soupçons l'apparence est solide; Ne démens pas leur voix; mais aussi garde bien Que pour les croire trop, ils ne t'imposent rien, Qu'à tes premiers transports ils n'osent trop permettre, Et relis posément cette moitié de lettre. Ha! qu'est-ce que mon cœur, trop digne de pitié, Ne voudrait pas donner pour son autre moitié? Mais, après tout, que dis-je? il suffit bien de l'une, Et n'en voilà que trop pour voir mon infortune. "Quoique votre rival Vous devez toutefois vous Et vous avez en vous à L'obstacle le plus grand "Je chéris tendrement ce Pour me tirer des mains de Son amour, ses devoirs Mais il m'est odieux, avec" "Otez donc à vos feux ce Méritez les regards que l'on Et lorsqu'on vous oblige Ne vous obstinez point à" Oui, mon sort par ces mots est assez éclairci: Son cœur, comme sa main, se fait connaître ici; Et les sens imparfaits de cet écrit funeste Pour s'expliquer à moi n'ont pas besoin du reste. Toutefois, dans l'abord agissons doucement; Couvrons à l'infidèle un vif ressentiment; Et de ce que je tiens ne donnant point d'indice, Confondons son esprit par son propre artifice. La voici: ma raison, renferme mes transports, Et rends-toi pour un temps maîtresse du dehors.
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