Le Médecin Volant Le texte de la première scène de la pièce de Molière : Le Médecin volant
VALÈRE, SABINE. VALÈRE: Hé bien!
Sabine, quel conseil me donneras-tu? SABINE: Vraiment, il y a bien des
nouvelles. Mon oncle veut résolument que ma cousine épouse
Villebrequin, et les affaires sont tellement avancées, que je crois
qu'ils eussent été mariés dès aujourd'hui, si vous
n'étiez aimé; mais comme ma cousine m'a confié le secret de
l'amour qu'elle vous porte, et que nous nous sommes vues à
l'extrémité par l'avarice de mon vilain oncle, nous nous sommes
avisées d'une bonne invention pour différer le mariage. C'est que
ma cousine, dès l'heure que je vous parle, contrefait la malade; et le
bon vieillard, qui est assez crédule, m'envoie quérir un
médecin. Si vous en pouviez envoyer quelqu'un qui fût de vos bons
amis, et qui fût de notre intelligence, il conseillerait à la
malade de prendre l'air à la campagne. Le bonhomme ne manquera pas de
faire loger ma cousine à ce pavillon qui est au bout de notre jardin, et
par ce moyen vous pourriez l'entretenir à l'insu de notre vieillard,
l'épouser, et le laisser pester tout son soûl avec Villebrequin.
VALÈRE: Mais le moyen de trouver sitôt un médecin
à ma poste, et qui voulût tant hasarder pour mon service? Je te le
dis franchement, je n'en connais pas un. SABINE: Je songe une chose:
si vous faisiez habiller votre valet en médecin? Il n'y a rien de si
facile à duper que le bonhomme. VALÈRE: C'est un lourdaud
qui gâtera tout, mais il faut s'en servir faute d'autre. Adieu, je le
vais chercher. Où diable trouver ce maroufle à présent? Mais
le voici tout à propos.
Design © 1995-2007 ZeFLIP.com All rights reserved. |