Les Précieuses Ridicules

Le texte de la scène 15 de la pièce de Molière : Les Précieuses ridicules
<< Les Précieuses ridicules - Scène 14Les Précieuses ridicules - Scène 16 >>
LA GRANGE: Ma foi, marauds, vous ne vous rirez pas de nous, je vous promets. Entrez, vous autres.

MAGDELON: Quelle est donc cette audace, de venir nous troubler de la sorte dans notre maison?

DU CROISY: Comment, Mesdames, nous endurerons que nos laquais soient mieux reçus que nous? qu'ils viennent vous faire l'amour à nos dépens, et vous donnent le bal?

MAGDELON: Vos laquais?

LA GRANGE: Oui, nos laquais: et cela n'est ni beau ni honnête de se servir de nos habits pour vous donner dans la vue; et si vous les voulez aimer, ce sera, ma foi, pour leurs beaux yeux. Vite, qu'on les dépouille sur-le-champ.

JODELET: Adieu notre braverie.

MASCARILLE: Voilà le marquisat et la vicomté à bas.

DU CROISY: Ha! ha! coquins, vous avez l'audace d'aller sur nos brisées! Vous irez chercher autre part de quoi vous rendre agréables aux yeux de vos belles, je vous en assure.

LA GRANGE: C'est trop que de nous supplanter, et de nous supplanter avec nos propres habits.

MASCARILLE: O Fortune, quelle est ton inconstance.

DU CROISY: Vite, qu'on leur ôte jusqu'à la moindre chose.

LA GRANGE: Qu'on emporte toutes ces hardes, dépêchez. Maintenant, Mesdames, en l'état qu'ils sont, vous pouvez continuer vos amours avec eux tant qu'il vous plaira; nous vous laissons toute sorte de liberté pour cela, et nous vous protestons, Monsieur et moi, que nous n'en serons aucunement jaloux.

CATHOS: Ah! quelle confusion!

MAGDELON: Je crève de dépit.

Violons: au Marquis.
Qu'est-ce donc ceci? Qui nous payera, nous autres?

MASCARILLE: Demandez à Monsieur le Vicomte.

Violons: au Vicomte
Qui est-ce qui nous donnera de l'argent?

JODELET: Demandez à Monsieur le Marquis.
<< Les Précieuses ridicules - Scène 14Les Précieuses ridicules - Scène 16 >>
ZeFLIP.com - Creations Internet