La Princesse d'Élide Le texte de l'argument du deuxième acte de la pièce de Molière : La Princesse d’Élide
Le Prince d'Ithaque et la Princesse eurent une conversation fort galante sur la course des chars qui se préparait. Elle avait dit auparavant à une des princesses ses parentes que l'insensibilité du Prince d'Ithaque lui donnait de la peine et lui était honteuse; qu'encore qu'elle ne voulut rien aimer, il était bien fâcheux de voir qu'il n'aimait rien; et que quoi qu'elle eût résolu de n'aller point voir les courses, elle s'y voulait rendre, dans le dessein de tâcher à triompher de la liberté d'un homme qui la chérissait si fort. Il était facile de juger que le mérite de ce Prince produisait son effet ordinaire, que ses belles qualités avaient touché ce cœur superbe et commencé à fondre une partie de cette glace qui avait résisté jusques alors à toutes les ardeurs de l'Amour; et plus il affectait (par le conseil de Moron, qu'il avait gagné, et qui connaissait fort le cœur de la Princesse) de paraître insensible, quoiqu'il ne fût que trop amoureux, plus la Princesse se mettait dans la tête de l'engager, quoiqu'elle n'eût pas fait dessein de s'engager elle-même. Les Princes de Messène et de Pyle prirent lors congé d'elle pour s'aller préparer aux courses, et lui parlant de l'espérance qu'ils avaient de vaincre, par le désir qu'ils sentaient de lui plaire. Celui d'Ithaque lui témoigna au contraire, que n'ayant jamais rien aimé, il allait essayer de vaincre pour sa propre satisfaction, ce qui la piqua encore davantage à vouloir soumettre un cœur déjà assez soumis, mais qui savait déguiser ses sentiments le mieux du monde.
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