La Princesse d'Élide Le texte de la sixième scène du quatrième acte de la pièce de Molière : La Princesse d’Élide LA PRINCESSE: De quelle émotion inconnue sens-je mon cœur atteint, et quelle inquiétude secrète est venue troubler tout d'un coup la tranquillité de mon âme? Ne serait-ce point aussi ce qu'on vient de me dire? Et, sans en rien savoir, n'aimerais-je point ce jeune prince? Ah! si cela était, je serais personne à me désespérer; mais il est impossible que cela soit, et je vois bien que je ne puis pas l'aimer. Quoi? je serais capable de cette lâcheté! J'ai vu toute la terre à mes pieds avec la plus grande insensibilité du monde; les respects, les hommages et les soumissions n'ont jamais pu toucher mon âme, et la fierté et le dédain en auraient triomphé! J'ai méprisé tous ceux qui m'ont aimée, et j'aimerais le seul qui me méprise! Non, non, je sais bien que je ne l'aime pas. Il n'y a pas de raison à cela. Mais si ce n'est pas de l'amour que ce que je sens maintenant, qu'est-ce donc que ce peut être? Et d'où vient ce poison qui me court par toutes les veines, et ne me laisse point en repos avec moi-même? Sors de mon cœur, qui que tu sois, ennemi qui te caches. Attaque-moi visiblement, et deviens à mes yeux la plus affreuse bête de tous nos bois, afin que mon dard et mes flèches me puissent défaire de toi. Ô vous, admirables personnes, qui par la douceur de vos chants avez l'art d'adoucir les plus fâcheuses inquiétudes, approchez-vous d'ici, de grâce, et tâchez de charmer avec votre musique le chagrin où je suis.
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